Cantine gratuite : enjeux et solutions financières pour la collectivité
En réaction à l’inflation, et soucieux de faire vivre le lien social dans les établissements scolaires publics, de plus en plus d’élus se lancent dans le projet de rendre la cantine gratuite. Les arguments d’inclusion et d’égalité ne manquent pas, bien que d’autres y voient un coût caché pour la collectivité, et donc le contribuable.
Nous parcourrons dans cet article les principaux enjeux de la gratuité en restauration collective publique, puis examinerons quelques mécanismes à la disposition des collectivités pouvant les aider à optimiser leur budget alimentaire tout en préservant la qualité des repas.
Cantine gratuite : une solution anti-crise, mais pas que…
Si la France peut se targuer d’avoir su introduire le principe du quotient familial, de nombreux élus y voient une réponse insatisfaisante ou incomplète face aux difficultés financières des familles qui constituent leur communauté. Même constat pour la Cantine à 1 euro, un dispositif resté assez confidentiel, malgré son ambition de favoriser l’accessibilité du repas à l’école. Certaines collectivités en viennent ainsi à s’interroger sur la possibilité de rendre la cantine scolaire gratuite, ou l’ont parfois déjà adoptée avec détermination !
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En savoir plusC’est le cas de l’école Anita-Conti dans la commune de Gâvres dans le Morbihan, où les élus ont voté la gratuité à l’unanimité, dans le but de soulager financièrement les familles qui font face à des hausses de prix inédites sur leurs achats alimentaires. Mais le pouvoir d’achat des familles n’est pas le seul argument en faveur de la cantine gratuite, qui peut également contribuer à créer du lien social. La Ville de Saint-Denis a ainsi acté la gratuité de la restauration scolaire de manière à améliorer le taux de fréquentation de la cantine. La gratuité s’est en effet imposée comme une solution en faveur du budget des familles de classe moyenne.
De fait, les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts sont plus enclines à confier à la restauration collective le soin de constituer des repas sains à un prix maîtrisé. L’exemple de Saint-Denis infirme également la croyance selon laquelle seules les petites communes font le pari de la gratuité de la cantine scolaire.
⚠️ Rappelons que le service de restauration scolaire n’est pas une obligation légale pour les établissements. Par ailleurs, certaines écoles, lycées ou facultés font le choix de travailler avec des sociétés de restauration collective (SRC). Le choix de supprimer le paiement du repas par les familles implique donc d’assurer son service de restauration en régie directe. |
Arguments en faveur de la cantine gratuite
La lutte contre la précarité et l’exclusion sociale est généralement mise en avant. La gratuité de la cantine scolaire peut permettre à tous les enfants d’avoir accès à un repas équilibré et nutritif, contribuant ainsi à réduire les inégalités sociales et à favoriser la réussite scolaire.
Comme nous l’avons vu avec l’exemple de la ville de Saint Denis, rendre la cantine gratuite contribue également à construire le lien entre les enfants et qui apprennent à faire société. La cantine scolaire est en effet un lieu de vivre ensemble : l’éducation y a toute sa place, et la pause méridienne est un moment de socialisation pendant lequel les enfants apprennent à interagir les uns avec les autres.
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En savoir plusEnfin, les acteurs favorables à la cantine gratuite citent parfois les mauvaises habitudes en matière de prise de repas dans certaines familles, qu’il s’agisse d’absence d’équilibre nutritionnel ou de surexposition aux écrans. La gratuité des repas à l’école contribuerait ainsi à renforcer l’alignement des valeurs et des savoirs, en échos à la mission de l’école de la République.
L’enjeu est donc aussi la promotion de l’égalité des chances : en garantissant à tous les élèves un accès gratuit à la cantine, quelle que soit leur situation financière, un tel dispositif favorise l’égalité des chances en offrant à chacun les mêmes conditions pour apprendre et se développer.
Quelles solutions pour maîtriser le budget alimentaire des collectivités ?
La gratuité de la cantine scolaire représente cependant un coût financier pour les collectivités locales et pour l’État. Si son principe peut séduire les élus et convaincre certaines familles d’envoyer à nouveau leur enfant à la cantine, il faut tout de même prendre la mesure d’un tel choix. L’impact sur les finances publiques peut être conséquent, et la restauration collective est elle aussi fragilisée par l’inflation : la flambée de produits BIO rend de plus en plus complexe l’atteinte des objectifs EGAlim.
Face à ces nombreux défis, collectivités territoriales et établissements disposent toutefois de certains outils pour composer habilement avec le financement de la restauration collective.
Piloté par FranceAgriMer, le Programme Lait et Fruits à l’École constitue une aide financière conséquente, et peut justement contribuer à se fournir en produits durables sans surcoût. Ces fonds européens sont en effet débloqués en échange de la distribution de fruits, lait et produits laitiers dans les établissements. Si les distributions sont réalisées par les établissements, c’est aux collectivités d’en faire la promotion à l’échelle de leur territoire :
- Communes ou EPCI pour les écoles primaires ;
- Départements pour les collèges publics ;
- Régions pour les lycées publics.
Il est également très important que les collectivités territoriales entreprennent un maximum d’efforts pour accompagner les établissements dans la lutte contre le gaspillage alimentaire qui, au-delà de contribuer à la protection de l’environnement, favorise la bonne utilisation des deniers publics ainsi qu’une gestion saine des budgets de restauration collective.
Les acheteurs publics ont également la possibilité de former des groupements de commandes pour optimiser leurs achats de denrées. Cette tendance pourrait gagner en popularité dans les années à venir, car la centralisation de la fonction achat, outre sa capacité de compression des coûts liés aux volumes de denrées commandés, permet aussi d’optimiser l’organisation des ressources.
Pour finir, le recours à un AMO en restauration collective permet souvent de réaliser des économies substantielles sur ses fournitures alimentaires et non alimentaires. Cette solution vise en effet à développer à la fois les volets de stratégie d’achats publics et à sécuriser les marchés émis par les collectivités.
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