Cantine : comment accompagner les enfants à bien manger

En tant que chef cuisinier, agent de restauration ou ATSEM en cantine scolaire, vous le savez fort bien : il n’est pas toujours simple de faire manger les enfants lors de la pause méridienne ! Dans certains cas, c’est le menu ou les ingrédients qui ne passent pas. D’autres fois, les facteurs stress ou bien des situations individuelles spécifiques sont en cause. Autant de cas différents qui appellent à des solutions adéquates pour amener les enfants à bien manger !
Nous allons ici parcourir un certain nombre d’idées et techniques au service de la cantine scolaire pour accompagner les plus petits mais aussi les ados à la prise du repas. Et pour les cuisiniers en mal d’inspiration, rendez-vous un petit peu plus bas pour télécharger 2 recettes qui vont faire adorer les courgettes aux adolescents !
Cantine scolaire : pourquoi les enfants ne mangent pas
Plusieurs facteurs peuvent conduire les enfants à décliner les repas proposés à la cantine. La période de rentrée scolaire représente un moment stressant pour les plus jeunes, confrontés à un changement d’environnement et parfois à de nouvelles règles. Par exemple, pour certains élèves, l’adaptation à une plus grande autonomie peut s’avérer difficile, surtout comparée au cadre familial où ils sont habituellement pris en charge par leurs parents.
Il est essentiel de se rappeler que pour les enfants plus réservés, l’interaction sociale est déjà un défi en soi. Le rôle des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) est crucial pour aider les plus jeunes à gagner en confiance, mais il est important de souligner que le personnel de la cantine ne peut jamais remplacer le soutien parental.
Les préférences alimentaires individuelles des enfants jouent également un rôle significatif. Certains peuvent avoir des goûts spécifiques et préférer certains plats ou aliments à d’autres. De plus, l’introduction de nouveaux aliments ou plats inconnus peut susciter une certaine réticence. Les caractéristiques telles que la texture ou l’apparence des aliments peuvent également influencer leur appétit.
Adapter les recettes et persévérer
Un des défis principaux pour les chefs cuisiniers est d’apporter de la nouveauté dans les menus. En effet, les plus jeunes ont leurs habitudes et un plat qui n’est pas consommé, c’est un risque de gaspillage alimentaire important. Il est donc fréquent que le personnel de cuisine jette l’éponge et répète sans cesse les mêmes plats maîtrisés et à succès.
Il y a pourtant quelques astuces à connaître pour favoriser l’adoption de vos nouvelles recettes. Pour commencer, ne baissez pas les bras ! Il est normal que les plus jeunes soient déstabilisés par un plat nouveau ou une apparence qui les surprend. De nombreux chefs considèrent qu’il faut servir un plat 3 fois pour que les enfants l’acceptent totalement (certains parlent même de 10…).
Vous pouvez limiter les quantités lors d’un coup d’essai, puis augmenter au fur et à mesure de l’adoption du plat, de manière à éviter de devoir jeter les restes en fin de service. Par exemple, intégrez progressivement le nouveau plat en petites portions ou en tant que plat d’accompagnement, puis faites-en un accompagnement ou un plat principal une fois que les enfants s’y sont accoutumés.
Et surtout, ne lésinez pas sur la créativité : la présentation visuelle du plat joue un rôle essentiel dans son acceptation. Assurez-vous qu’il soit coloré, bien garni et appétissant !
Comment faire manger des légumes aux enfants ?
Eh oui, c’est souvent ici que ça coince ! Pour les légumes, la texture, la cuisson mais aussi la présentation sont déterminantes. Utilisez des techniques de présentation créatives pour rendre les légumes plus attrayants visuellement. Par exemple, créez des brochettes de légumes colorées, des formes amusantes ou des assiettes à thème.
La prochaine fois que vous anticipez un refus de courgettes, brocolis ou poireaux, pourquoi ne pas tenter une nouvelle recette ?
💡 Besoin d’un petit coup de pouce ? On vous donne deux recettes à base de courgette, conçues par des chefs de cantines scolaires :
- Pain de courgettes et de carottes ;
- Moelleux courgette et chocolat.
Ces recettes sont en téléchargement gratuit. On vous en fournit les fiches techniques complètes pour 100 convives adolescents, incluant le coût par portion, les valeurs nutritionnelles et même les données environnementales !
Qualité de vos menus : savoir vous remettre en question
Si les plaintes se multiplient de la part des parents, il peut aussi y avoir un problème de qualité des repas : que vous assuriez la restauration en interne ou passiez par une SRC, il est important de proposer une offre de qualité aux enfants. Au-delà d’acheter des produits durables et d’atteindre vos objectifs EGAlim, il est important d’être créatif en cuisine et de proposer des recettes savoureuses. Eh oui, la cuisine est un art et vous devez convaincre les plus petits par vos talents culinaires !
Petit rappel des fondamentaux :
- Évaluer continuellement les fournisseurs ;
- Former le personnel ;
- Diversifier le menu ;
- Communiquer avec les parents.
Éducation alimentaire : entre ludisme et pédagogie
Mais la cuisine ne fait pas tout. Le personnel en salle doit aussi accompagner les enfants dans la découverte du goût et de la nutrition. L’essor des self cantines témoigne d’ailleurs de cette volonté de mobiliser du personnel auprès des enfants pour jouer cette mission pédagogique.
Cela permet notamment d’impliquer les enfants dans le processus de décision. Vous pouvez parfois organiser des sessions de dégustation lors desquelles les enfants essayent le nouveau plat et donnent leur avis. Attention : l’idée n’est pas de leur confier la conception des plans alimentaires. Vous restez maîtres de vos stratégies EGAlim et GEMRCN. Par contre, associer les enfants aidera souvent à favoriser l’introduction de nouveaux plats ou ingrédients.
Ensuite, impliquez le personnel de la cantine pour promouvoir le nouveau plat de manière positive. Par exemple, expliquez en les bienfaits pour la santé, en mettant l’accent sur les éléments nutritifs qu’il contient. N’hésitez pas à réaliser des animations à la cantine pour favoriser la pédagogie autour de la culture alimentaire, de la nutrition ou de l’agriculture. Vous pourriez même organiser des événements spéciaux ou des concours culinaires lors desquels les enfants pourraient participer à la préparation du plat !
À la fin du repas, échangez avec les petits et recueillez leurs retours sur le nouveau plat : vous n’êtes peut-être pas un restaurant étoilé, mais cette petite séquence d’échange crée du lien et permet de trouver des points d’amélioration.
Enfin, si la résistance s’organise en salle, tenez compte des phénomènes de pression sociale : les enfants peuvent être influencés par leurs pairs lorsqu’il s’agit de choisir quoi manger à la cantine. S’ils perçoivent que leurs amis rejettent certains aliments ou plats, ils peuvent être tentés de faire de même pour s’intégrer. Identifiez des élèves populaires ou influents qui sont ouverts à essayer de nouveaux aliments et encouragez-les à partager leur expérience positive avec leurs camarades.
Que faire quand un enfant à la cantine ne mange pas ?
Enfin, il arrive qu’un enfant refuse de manger pour des raisons qui dépassent les choix de menus et d’aliments proposés par l’établissement. Il est alors important d’aborder la situation avec tact et d’engager une conversation calme et empathique. Le but est de comprendre pour quelles raisons l’enfant ne veut pas manger, puis de l’encourager à être curieux et ouvert à de nouvelles expériences alimentaires. Évitez toujours de faire pression sur l’enfant pour qu’il mange, car cela pourrait aggraver la situation. Créez plutôt un environnement détendu et positif dans lequel il se sent en confiance pour explorer les aliments à son propre rythme. Enfin, il faut éviter de dramatiser la situation : les enfants ont leurs préférences, tout comme les adultes, et il est normal qu’ils n’aiment pas tous les aliments qu’ils goûtent. Il ne faut jamais forcer un enfant à manger !
Si malgré vos efforts, le refus de manger persiste, envisagez de communiquer avec les parents pour discuter de la situation et trouver des solutions ensemble. En effet, il est fréquent que des enfants mangent peu à la cantine, mais tout à fait correctement chez eux. Il y a donc une collaboration à installer avec les parents, ou à minima une discussion pour alerter et sensibiliser les familles sur le sujet. Les parents peuvent ainsi parler à leur enfant, le motiver à mieux manger à la cantine. Il est important de ne pas baisser les bras, car dans certains cas, retirer un enfant de la cantine renforce le repli sur lui-même et affecte ses chances de socialiser et développer des relations au-delà des cours.
Enfin, si l’enfant refuse également de se nourrir à la maison, le sujet peut être plus complexe à traiter. On parle parfois de néophobie pour les enfants qui ont des difficultés à goûter des plats nouveaux, un cas fréquent chez les tout petits. Mais il peut aussi être question de troubles de l’oralité, ou troubles alimentaires pédiatriques. Dans ce cas, la consultation d’un pédiatre s’impose, puis, le cas échéant, d’autres spécialistes. Un Projet d’Accueil Individualisé peut alors être mis en place, et le personnel de votre établissement devra être sensibilisé à la situation spécifique de l’enfant concerné.
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