Maître composteur : impact en restauration et rôle des collectivités territoriales

L’obligation de trier ses biodéchets est entrée en vigueur au 1er Janvier 2024, et les établissements de restauration collective publics de toutes tailles sont concernés. Le seuil de 5 tonnes n’est donc plus de mise, et tous les restaurants d’établissements scolaires, d’hôpitaux ou encore de maisons de retraite doivent se mettre en conformité. Et pour ceux qui ne joueront pas le jeu, des sanctions sont prévues (amende pouvant aller jusqu’à 75.000 EUR et peines de prison).
Cette détermination du législateur part du constat que la restauration représente l’un des principaux contributeurs à la production de biodéchets liés à l’alimentation, avec un total avoisinant les 900 000 tonnes pour la restauration commerciale et collective.
À l’échelle des collectivités locales comme des établissements, la prise de conscience des questions environnementales et l’évolution de la loi conduisent ainsi à la mise en place de nouvelles pratiques de tri et de traitement, incluant dans certains cas la revalorisation.
Au cœur de ce dispositif, deux rôles ont progressivement émergé ces dernières années. D’abord celui de guide composteur, un intervenant qui informe et agit au niveau local pour démocratiser et accélérer la gestion des biodéchets, à commencer par le compostage. Ensuite, le maître composteur, dont le rôle reste encore largement méconnu. Aujourd’hui, OptiMarché se penche sur ce nouveau métier, dont la vocation est de piloter le changement vers une stratégie territoriale de valorisation des biodéchets !
Maître composteur : missions et périmètre
Le maître-composteur est un professionnel spécialisé dans la prévention et la gestion locale des biodéchets. En tant que référent technique sur son territoire, il assure la mise en œuvre pratique des opérations et coordonne des relais sur le terrain pour amplifier son impact. Sa formation approfondie lui confère une large gamme de compétences nécessaires pour exercer ses fonctions.
La capacité du maître composteur à piloter les missions liées à la gestion des biodéchets en fait un acteur central dans les missions stratégiques pouvant émaner des collectivités territoriales. Ses connaissances ne se limitent donc pas à la gestion des biodéchets, mais incluent également le pilotage des opérations et la gestion de projet.
Rappelons la définition du biodéchet, telle qu’énoncée par l’article R. 541-8 du code de l’environnement : “Tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires”.
Formation au métier de maître composteur
Des formations sont dispensées par les organismes partenaires de l’Ademe. Celles indiquent ainsi que la prestation intellectuelle du maître composteur consiste notamment à :
- Réaliser un diagnostic des problématiques de biodéchets rencontrées par une collectivité, ses enjeux et les solutions à préconiser ;
- Organiser la consultation des parties prenantes à l’échelle locale ;
- Identifier les méthodes et solutions techniques nécessaires et piloter le changement ;
- Assurer la mise en place des solutions, et former les utilisateurs à leur maniement ;
- Animer les guides-composteurs pour un bon déroulement terrain ;
- Savoir communiquer et engager les équipes dans le processus de transformation.
Annonçant une durée de 49 heures pour cette formation, l’ADEME montre clairement l’ambition de ce rôle clé pour la préservation environnementale par les élus locaux.
Et pour cause, le niveau de connaissance définissant la qualification est tout à fait impressionnant, impliquant le “diagnostic biodéchets d’un territoire”, l’”analyse du fonctionnement des sols » ou encore “l’animation d’une opération (domestique, partagée et autonome en établissement)”.
Restauration : les collectivités en première ligne
Tous les acteurs de la restauration collective ont intérêt à promouvoir la fonction de maître composteur. La gestion des biodéchets est l’affaire de tous, y compris des établissements eux-mêmes, surtout s’ils sont autogérés ! En effet, les établissements publics, tels que les écoles, hôpitaux, ou encore les prisons, génèrent des quantités importantes de déchets organiques, et le compostage peut représenter une stratégie écologique et durable pour en assurer la gestion.
Cependant, la protection de l’environnement est également l’affaire des collectivités. Les missions concernées peuvent viser à mettre en place des programmes de gestion des déchets organiques, notamment la valorisation du compost. Les communes et les municipalités peuvent par exemple tenter de réduire les quantités de déchets envoyés en décharge en encourageant le compostage des déchets organiques à l’échelle locale. Les collectivités intercommunales peuvent d’ailleurs opter pour une approche collaborative dans la gestion des déchets, le regroupement permettant de rationaliser les ressources et de maximiser l’efficacité des opérations de compostage.
Des projets communautaires voient également le jour, avec des initiatives de quartier impliquant collectivités, groupes de citoyens et entreprises locales. Ensemble, ces intervenants collaborent avec des maîtres composteurs pour mettre en œuvre des projets de compostage communautaires visant à réduire les déchets et à promouvoir des pratiques durables.
Le recours à un maître composteur permet ainsi de garantir une gestion appropriée du processus de compostage, de veiller à la qualité du compost produit, et de sensibiliser la population locale aux avantages du compostage pour l’environnement.
Comment promouvoir la fonction de maître composteur ?
Pour répondre à leurs besoins présents et futurs, les collectivités territoriales ont tout intérêt à promouvoir la fonction de maître composteur, et pour cela, de nombreuses stratégies et modes de communication peuvent être nécessaires.
Cela inclut la sensibilisation du public à travers des campagnes d’information, l’organisation d’ateliers et de formations, ou encore la participation à des événements communautaires. En collaborant avec des entreprises locales, et en mettant en place des projets pilotes et des démonstrations, les collectivités peuvent valoriser l’importance du rôle des maîtres composteurs dans la gestion durable des déchets organiques.
La certification officielle et la reconnaissance publique contribuent à faire rayonner leur expertise, tandis que la promotion des opportunités d’emploi souligne la demande croissante dans ce domaine. En intégrant ces initiatives, les collectivités favorisent une prise de conscience générale et encouragent le développement de cette profession essentielle pour une gestion environnementale responsable des déchets.
Pour finir, précisons que, s’il s’agit indéniablement d’une compétence en devenir, il ne faut pas sous-estimer l’ampleur du processus de formation. L’Ademe précise d’ailleurs que les connaissances liées au rôle de guide composteur sont un prérequis !
Maître composteur et guide composteur : quelle différence ?
En étroite collaboration avec un maître-composteur, le guide-composteur (GC) accompagne les ménages impliqués dans la gestion domestique ou partagée des biodéchets, parfois même les intervenants du compostage autonome en établissement. Cette assistance s’étend à l’échelle d’une commune, d’un quartier ou du voisinage. Le guide-composteur contribue activement au réseau, pouvant participer à des initiatives animées aux côtés du maître-composteur. Son engagement, qu’il soit bénévole ou salarié, joue un rôle essentiel dans la promotion des pratiques de prévention et de gestion locale des biodéchets sur son territoire.
Ces termes sont encore assez nouveaux, et on a tendance à les employer sans distinction. L’ademe axe beaucoup les missions du maître composteur sur le pilotage de missions stratégiques pour le compte des collectivités, alors que le guide composteur se positionne plutôt sur de l’action terrain, souvent en bénévolat, qu’il s’agisse d’information auprès des ménages, voisinages, ou collectivités. Ainsi, dans le cadre d’une mission officielle assignée au maître composteur (ou à un “chargé de mission déchets”), le guide composteur peut être amené à lui faire remonter l’information terrain.
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