Crise du bio et restauration collective : un état des lieux
En réponse à la crise que connaît l’agriculture biologique depuis fin 2020, le Ministère de l’Agriculture met en œuvre plusieurs dispositifs pour en relancer la consommation. Ceux-ci incluent des aides financières aux agriculteurs ainsi qu’une étude pour comprendre et proposer des solutions durables à cette crise.
La restauration collective est affectée elle aussi, et les efforts des chefs cuisiniers pour acheter plus de bio sont à poursuivre.
Le secteur de l’agriculture bio en déclin
La consommation de produits bio a connu un pic en 2020, mais le chiffre ne cesse de chuter depuis, notamment dans la grande distribution avec une perte de près de 5% sur la consommation du bio en 2022 comparée à l’année précédente.
Un déclin dû à la soudaine crise sanitaire mondiale déclenchée par le Covid, mais aussi à la guerre en Ukraine, deux événements qui ont affecté le prix des produits alimentaires. L’inflation des denrées complique donc les objectifs d’introduction d’au moins 20% de produits bio dans les repas servis en restauration collective, mis en place par la loi EGalim et appuyés par la loi Climat et Résilience.
L’intervention de l’Etat dans la crise du bio
En réponse à la crise que connaît l’agriculture biologique, le Ministère de l’Agriculture met en place une série de mesures destinées à raviver l’intérêt pour les produits bio, relancer la consommation et combattre le déclin sur le long terme :
- Un octroi budgétaire de 5 millions d’euros pour le Fonds Avenir bio en 2023, portant le total à 13 millions d’euros. Le fond Avenir bio s’adresse aux opérateurs économiques impliqués dans la production biologique et engagés dans une démarche de développement durable.
- Une nouvelle campagne de communication, budgétisée à 750.000 euros, pour raviver l’intérêt du public envers le bio, et qui sera élaborée grâce à une étude sur les raisons de cette baisse de consommation.
- Plus de soutien et de moyens financiers pour l’Agence bio qui se chargera d’effectuer une étude sur les causes de cette crise et proposera une solution plus efficace et durable. Cela permettra aussi de préparer le terrain à d’éventuelles études supplémentaires pour mieux cerner la place du bio dans la société d’ici 2040.
La restauration collective face à la crise du bio
Le rapport de l’Observatoire national de la restauration collective bio et durable sur les avancées des collectivités sur les objectifs de la loi EGalim annonçait récemment un constat positif sur la mise en place du bio dans les cantines scolaires, avec 78% des établissements de l’échantillon étudié respectant et même dépassant le quota imposé par la loi de 20% de produits bio.
Malgré le climat économique et une inflation d’environ 10% sur le prix des produits en 2022 comparé à 2021, « les collectivités gardent le cap et accélèrent même sur la transformation de leurs politiques publiques alimentaires », déclarent les auteurs du rapport. On peut noter aussi la tendance des cantines à s’approvisionner localement, avec près d’un tiers des produits bio qui sont d’origine locale.
Mais, selon le Ministère de l’Agriculture et l’Agence bio, la restauration collective dans sa globalité est encore loin d’atteindre les objectifs fixés par la loi EGalim, à cause notamment d’un manque de formation autant sur l’importance d’utiliser des produits durables et bio en cuisine, que sur les différentes méthodes pour rendre le bio plus attractif dans leurs établissements.
En Décembre 2022, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau annonçait d’ailleurs que la part du bio commandé dans la restauration collective sur tout le territoire serait en moyenne de 6%. Un chiffre qui contraste avec les résultats des cantines scolaires cités plus haut.
Cependant, le ministère et l’Agence bio remarquent aussi que la part du bio continue de progresser significativement d’année en année, en dépit de la crise de l’agriculture biologique que nous connaissons. Les seuls freins évoqués sont plutôt d’ordre structurels et culturels, le bio n’étant pas encore un réflexe pour tous les cuisiniers.
Un état des lieux nuancé
La crise du bio préoccupe l’ensemble des acteurs de l’industrie. Mais, en dépit des nombreuses difficultés rencontrées, la restauration collective ne baisse pas les bras : entre volontarisme du législateur et mobilisation des cuisiniers, l’intégration du bio avance tant bien que mal.
De fortes disparités continuent cependant d’exister d’un établissement à l’autre. Par ailleurs, les variations de prix impactent considérablement la gestion des budgets. C’est pour ces raisons qu’OptiMarché a conçu un service d’assistance à maîtrise d’ouvrage dédié aux établissements de restauration collective.